Un ami dans l'obscurité

Depuis quelques semaines, Léa avait peur de dormir seule dans sa chambre. Elle avait beau essayer de se rassurer en se disant que rien ne pouvait arriver, la nuit, tout prenait une autre dimension : les bruits étaient plus forts, les ombres semblaient se mouvoir avec une vie propre, et la moindre petite chose prenait des proportions disproportionnées. Les parents de Léa avaient essayé de la rassurer, mais rien n'y faisait. Elle avait besoin d'un ami, quelqu'un qui serait là pour elle dans l'obscurité.

L'un de ses amis, Tom, avait déjà vécu cette même peur du noir. Il avait réussi à s'en sortir grâce à une astuce : il avait dessiné un petit monstre tout mignon, qu'il avait baptisé « Grosgnon », et il l'avait accroché au-dessus de son lit. Chaque soir, quand il avait peur, il parlait à Grosgnon, et cela le rassurait. Léa avait trouvé cette astuce très intéressante, et avait décidé de se trouver un ami similaire.

Ce n'était pas facile, parce que trouver un ami en qui on pouvait avoir confiance était une chose difficile. Mais un jour, elle avait découvert une petite peluche dans un vide-grenier. C'était un petit lapin tout doux et tout mignon, avec des yeux noirs qui semblaient la regarder avec une bienveillance amicale. Léa avait tout de suite su que c'était lui, son ami de la nuit. Elle l'avait acheté avec ses économies, et, le soir même, elle l'avait posé sur son lit, en lui expliquant qu'il était là pour la protéger.

La première nuit, elle avait eu un peu peur, mais elle avait maintenu son regard fixé sur la peluche, en lui racontant tout ce qu'elle avait envie de dire. Cela avait été comme si elle avait parlé à elle-même, mais avec quelqu'un qui l'écoutait vraiment. Petit à petit, la peluche était devenue pour elle un ami véritable, non seulement dans la nuit, mais aussi en journée.

Elle avait nommé la peluche « Lapino », et elle l'emmenait partout avec elle. Les deux amis avaient une relation très spéciale : Lapino l'aidait à surmonter ses peurs et à affronter le monde difficile de l'enfance, pendant que Léa le protégeait, en lui donnant de la nourriture, de l'eau, et en le cajolant quand il en avait besoin.

Un soir, alors que Léa était en train de raconter à Lapino une histoire qu'elle avait inventée, elle avait entendu un bruit étrange dans le couloir. Elle avait eu peur, mais elle s'était aussitôt rappelée que Lapino était là pour la protéger, et elle avait senti une force nouvelle en elle. Elle avait pris son courage à deux mains, et avait éteint la lumière, en se disant que, si elle avait eu assez de courage pour inventer cette histoire, elle pouvait bien affronter cette épreuve.

Le bruit s'était avéré être simplement un chat qui était entré par la fenêtre. Elle avait souri, en se disant que, finalement, le monde était moins effrayant qu'elle ne le pensait. Elle avait remercié Lapino, en le serrant très fort contre elle, et avait senti une émotion nouvelle naître en elle. Elle n'était plus seule : elle avait un ami véritable, qui l'aimait pour ce qu'elle était, avec ses peurs, ses faiblesses et ses qualités.

Cette nuit-là, elle avait dormi d'un sommeil profond et réparateur, et, à partir de ce jour-là, elle avait retrouvé sa confiance en elle, sa joie de vivre et sa curiosité. Elle avait compris que la vie était pleine de surprises, bonnes et mauvaises, mais que, tant qu'elle avait un ami dans l'obscurité, tout pouvait arriver.

Léa avait grandi, avait eu d'autres peurs, avait connu d'autres sentiments et avait découvert de nouveaux amis. Mais elle n'avait jamais oublié Lapino, l'ami de son enfance, qui lui avait appris à avoir confiance en elle et à affronter le monde avec courage et détermination.